La LGBTI+ Pride c est le jour des Fiertes, des Visibilites, mais aussi des Luttes.
Dans une région où l’on est encore agressé.e, harcelé.e ou tué.e parce que l’on est perçu.e comme LGBTI+, être visible et occuper ensemble l’espace public demeure en soi un acte intrinsèquement politique et citoyen… Quelle que soit ton orientation sexuelle et/ou ton identité de genre, sois fièr.e, la honte doit changer de camp.
Ensemble n’oublions pas les personnes qui ont été victimes et celles qui subissent de nos jours oppressions, dénonciations, insultes, tortures, viols correctifs, emprisonnements, meurtres et peine de mort. Pensons aussi aux personnes mutilées dès les premiers jours car leurs organes sexuels sont jugés ambigus , aux personnes qui ne peuvent pas vivre leurs amours et sexualités au grand jour, aux victimes de mariages forcés. Mais aussi aux personnes qui sont privées d’emploi, discriminées, rejetées par leurs proches, ami.e.s et famille, privées du droit d’être soignées à cause de l’ignorance de certain.e.s professionnel.le.s.
Il y a des personnes qui, grâce à l’effet de masse, osent la visibilité rien qu’un jour dans l’année et celles qui ont l’opportunité de pouvoir vivre telles qu’elles sont au quotidien. Mais aussi des personnes qui revendiquent le droit à la différence et celles qui défendent le droit à l’indifférence.
Toi qui peux vivre ton orientation sexuelle et/ou ton identité de genre, tu peux envisager avec ton/ta conjoint.e des projets d’avenir. Souviens-toi des personnes qui se sont battues pour et/ou avec nous : militantes, anonymes ou célèbres, professionnelles engagées qui nous ont soutenu.e.s. Sache que les droits acquis sont fragiles et qu’il te faut rester vigilant.e. Mobilise-toi pour les préserver et continuer de les faire évoluer : la route est longue et de nombreux combats sont encore à mener.
Toi qui lis ces lignes en 2019, sache que depuis 24 ans la LGBTI+ Pride existe à Lille pour lutter contre les injustices, les privations de libertés, les préjugés, pour permettre des ren- contres fraternelles, adelphiques et sororales. Cette manifestation favorise les échanges, permet de se découvrir mutuellement pour ne plus se craindre.
Cette année, alors qu’en France et dans le monde, les violences lesbophobes, biphobes, homophobes, transphobes, sexistes, racistes, antisémites et islamophobes connaissent une hausse signi cative, alors qu’on attend toujours la PMA pour tou.te.s, alors qu’en Tchétchénie nos frères et nos sœurs risquent tortures, internements en camps de concentration et exécutions, il est plus que jamais d’actualité de défendre nos Droits fondamentaux. Fiertés Lille Pride encourage et soutient toutes les étincelles de luttes individuelles et/ou collec- tives. L’association rappelle son engagement pour la reconnaissance de toutes les familles LGBTI+, quelles que soient l’identité de genre, l’orientation sexuelle et/ou la situation matrimoniale et s’engage donc pour la n de l’hétéronormativité.
En 2019, nous nous mobilisons pour exiger que l’accès à la PMA soit élargi à toutes les personnes célibataires et tous les couples pour lesquels elle rend réalisable le projet paren- tal. Ainsi, le code de la santé publique (L2141-2) et les règles de prise en charge par l’assurance maladie concernant l’accès à la PMA devront être modi és pour en permettre l’accès à égalité de moyens sans discriminations et sans restriction.
Ce faisant, la France fera un pas vers une vraie reconnaissance et un réel respect de toutes les personnes, familles (adultes et enfants) dont certaines demeurent de fait encore niées et discriminées, elle fera un pas pour devenir une société plus juste et respectueuse des différences.
Pour toi, pour elles, pour eux, rassemblons-nous, marchons ensemble et militons festivement !
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Nos Revendications
* Accès à la PMA pour toutes les personnes et couples souhaitant y recourir ;
* Reconnaissance en mairie et établissement de la liation par une démarche volontaire pour les personnes pacsées, en concubinage ou en union libre ;
* Évolution des lois pour permettre la présomption de parenté pour la deuxième maman (tel que pour l’époux hétérosexuel) ;
* Changement d’état civil libre, gratuit et déclaratif en mairie en application de la résolution 2048 du Parlement européen pour les personnes Trans’ ;
* Libre choix des parcours médicaux pour les personnes Trans‘ ;
* Facilité d’accès aux remboursements des opérations et traitements pour les personnes Trans‘ ;
* Visibilisation de l’intersexuation, combat de la pathologisation des personnes intersexes et promotion de l’autodétermination ;
* Maintien de l’engagement de l’État dans la lutte contre le sida et à l’égard des personnes malades, y compris en milieu carcéral ;
* Mise en place de campagnes contre la sérophobie, contre les discriminations liées à la santé, contre les violences exercées par le corps médical en raison du genre et de l’orientation sexuelle ;
* Accès au don de sang pour tou.te.s sans discriminations liées à l’orientation sexuelle et/ou aux pratiques sexuelles ;
* Arrêt des mutilations sexuelles non consenties ;
* Application de la directive européenne interdisant les thérapies de conversion ;
* Engagement de l’État contre les viols correctifs et poursuites pénales contre les viols ; Campagne d’État pour que disparaisse la culture du viol et que lui soit substituée la culture du consentement ;
* Mise en œuvre de moyens visant à l’Égalité « Femmes/Hommes » sur les plans personnel, professionnel, tout au long de la vie et notamment à l’échelle scolaire ;
* Mobilisation de moyens nanciers par l’État pour mettre n aux préjugés et discriminations liés à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle, à la typologie familiale (de famille/parent avec la visibilité de tous les types de familles) ;
* Accès au mariage pour tous les couples binationaux LGBTI+ ;
* Application effective du Droit d’asile aux personnes étrangères en danger dans leur pays.
* Abrogation de la loi « Asile – immigration » ;
* Abrogation de la loi pénalisant les clients de personnes prostituées.
L’équipe des bénévoles de Fiertés Lille, les membres de la commission « communication »
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27 juin 1969, les émeutes de Stonewall
Stonewall. Une date symbolique dans l’histoire des mouvements LGBTQI, dans les luttes pour la reconnaissance de nos orientations sexuelles et de nos identités multiples et mul- ticolores.
À l’époque, à New York, le puritanisme faisait rage et imposait violemment sa vision de la bienséance. Danser entre personnes du même sexe était interdit, de même que se traves- tir. Les pervers.e.s, les déviant.e.s, les tarlouzes, les pédales, les travelos, les gouines, les travailleuses/eurs du sexe subissaient la violence de la clandestinité, entre l’enclume de la ma a et le marteau de l’État : contrôles, rackets, rafles policières, arrestations arbitraires, (pour possession de préservatifs par exemple), étaient le lot quotidien de ces communautés.
Le 27 juin 1969, ce fut le contrôle policier de trop au StoneWall Inn, l’un des seuls bars qui toléraient une clientèle homosexuelle : les client.e.s ont résisté, ont refusé cet état de fait inadmissible ; et c’est ce jour-là que débutèrent les émeutes de StoneWall. Le groupe contestataire en proie aux oppressions de genre, de classe et parfois de race* fut rejoint par d’autres membres du quartier, par les clientèles d’autres bars, pour former un bric à brac de toutes celles, de tous ceux et de tous ces autres à qui la rue était interdite.
Ce qu’ielles ont fait durant ces quelques jours reste encore assez flou, et l’on dit parfois qu’il y a autant de versions de ces émeutes que de témoignages : c’est ce qui arrive aux plus grands mythes. Mais au milieu de ce flot d’infos parfois contradictoires, il reste l’éclat. Ce qui est clair, c’est que dès le premier anniversaire, les marginales et les marginaux du genre, de la race et de la sexualité ont pris conscience de la résonance que pouvait prendre leur voix dans la société. Ielles en ont pris conscience et la société l’a compris également. Il fallait compter avec nous.
Différents groupes ont émergé pour emprunter des sentiers divers : certains ont approfondi la rupture avec l’ordre hétérosexuel, d’autres ont cherché l’intégration. Il y en a eu, depuis cette nuit du 27 juin 1969, des tracts distribués, à peine lus, déchirés, dévorés, des groupes de paroles, des manifs, des moments de convivialité, des bulletins de vote, quelques pavés, des slogans, des réunions, des ateliers, des soirées, des repas, des discussions, des débats, des engueulades, des manifestes, des fanzines, des poings levés et des poings sur la table, il y en a eu des trucs qui se sont passés pour tisser le lien qui manque, croiser un regard, créer du mouvement dans les normes et dans l’énorme ennui, pour oser sortir du placard, pour exister.
*Les races n’existent pas, mais les rapports sociaux de domination de sexe, genre, classe et race existent.